C.Bonacieux
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A proposito delle obbligazioni bancarie. apparso sullo JDF di ieri (che è una specie di sole24ore francese)
Les banques méritent d'être mieux traitées
DOSSIER RÉALISÉ PAR ANNELOT HUIJGEN | JDF HEBDO | 11.12.2010 | Mise à jour : 22H08
Les valeurs bancaires connaissent de nouveau une descente aux enfers. De nombreux investisseurs se désengagent, supposant que le problème des finances publiques est le nouveau fardeau des banques. Nous pensons que le pire est largement intégré dans les cours et qu'il faut profiter des bas niveaux de valorisation actuels.
Faut-il encore investir dans les valeurs bancaires ? Depuis deux, voire trois ans, la question revient régulièrement. Aujourd'hui encore, banques et assureurs sont sous les feux de la rampe, cette fois en leur qualité d'investisseurs dans des dettes publiques européennes. Les statistiques de la Banque des règlements internationaux (BRI) - la Banque centrale des Banques centrales, qui abrite le Comité de Bâle notamment - montrent que les banques allemandes et françaises ont des expositions relativement élevées aux dettes des pays européens dits périphériques (Portugal, Irlande, Grèce).
Par ailleurs, les établissements allemands et britanniques sont plus liés que d'autres au secteur privé irlandais, « même si ces chiffres exagèrent l'exposition véritable en raison de la grande présence de véhicules de financement en Irlande » (bien qu'ils exercent leur activité ailleurs), mettent en garde les analystes de la Deutsche Bank. De plus, les expositions sont souvent publiées en montants bruts - par les banques, notamment lors des stress tests de juillet -, occultant le fait que ces montants sont très limités une fois rapportés aux actifs totaux des banques. Par exemple, la Grèce ne représente même pas 0,3 % des actifs bancaires français : pourtant, c'est dans ce pays que la présence des banques françaises est la plus importante en raison des établissements Emporiki et Geneki, filiales respectivement du Crédit Agricole et de la Société Générale.
Le faux problème des obligations souveraines
Pour le Portugal, ce chiffre ne dépasse pas 0,2 %. Le risque est à peu près aussi élevé pour les banques allemandes concernant leur exposition majeure, en l'occurence à la Grèce. « Ceci n'écarte pas le risque de contagion en raison d'expositions individuelles relativement importantes de certaines banques ou autres institutions financières », souligne l'équipe de la Deutsche Bank.
Les données de la BRI compilent les prêts, les dépôts, les titres de dette, les participations dans des filiales et autres éléments hors bilan d'un secteur bancaire national vis-à-vis d'un autre pays. Elles ne permettent effectivement pas de voir l'exposition exacte d'une banque ou encore d'un système bancaire à un secteur spécifique dans un autre pays.
Concernant leur qualité d'investisseurs, les banques européennes ont dès juillet, dans les résultats des tests de solidité, révélé le montant d'obligations souveraines qu'elles détiennent. Début 2011, elles devront reproduire l'exercice, qui reste périlleux. D'un côté, les Etats plaident auprès des banques pour qu'elles gardent ces dettes publiques, les accusant par ailleurs de tous les maux ; de l'autre, le marché leur reproche de détenir des titres qui ont virtuellement perdu de leur valeur (rappelons que ni les notes de l'Italie, ni celles de l'Espagne et de la France n'ont à ce jour été dégradées).
En réalité, les banques ne sont pas les premières concernées par ces produits financiers. Les montants des engagements sont là aussi faibles par rapport aux actifs des banques : BPCE, Crédit Agricole, BNP Paribas et la Société Générale ne détiennent à elles quatre pas plus de 2,4 milliards d'euros de dette irlandaise, par exemple. D'autres acteurs financiers sont bien plus présents sur ce marché obligataire spécifique : les hedge funds, les fonds souverains et surtout les fonds de pension, mais les chiffres détaillés manquent pour évaluer leur exposition (voir entretien).
Gare à la généralisation
Comme Eric Cantona, les investisseurs, effrayés, ont tendance à croire que les banques sont toutes logées à la même enseigne. « Il faut rappeler aux observateurs du secteur que les banques sont avant tout actives dans leurs marchés domestiques », souligne un dirigeant de banque française. Ces sociétés sont, au sein du CAC 40, celles dont l'activité est sans doute la plus dépendante de l'état de santé de l'économie nationale.
Quelques autres vérités méritent d'être rappelées : le système bancaire irlandais n'est pas celui de la France et les modèles de Northern Rock ou de Lehman Brothers ne sont pas ceux du Crédit Agricole ou de BNP Paribas. Les banques françaises ne présentent pas de vulnérabilité structurelle. Cela ne veut pas dire qu'elles n'ont pas de point faible, mais, comme la crise l'a démontré, dans le panorama européen et mondial, elles ne détonnent pas, si ce n'est par leur bon parcours. Cela tient en grande partie à leur modèle de banque universelle, où la banque de détail est flanquée d'autres métiers : la banque de financement et d'investissement, et la gestion d'actifs. Selon l'adage qu'il ne faut jamais mettre tous ses oeufs dans le même panier, ce modèle permet de diversifier les risques, et il a démontré sa force en temps de forte perturbation. Pour preuve, Santander et Standard Chartered, qui ont toutes deux une base de détail très forte, développent des activités de banque de financement et d'investissement. De son côté, Deutsche Bank, qui est connue pour ses compétences dans les opérations complexes, vient d'intégrer la Postbank.
Ces modèles bancaires sont le fruit de décisions individuelles, mais aussi d'habitudes nationales. Les banques situées dans des pays de petite taille, comme la Suisse ou les Pays-Bas, sont traditionnellement plus actives au-delà des frontières (voir illustration). Par ailleurs, en rapportant les actifs des banques au produit national brut, la volonté de la Grande-Bretagne, de l'Irlande ou encore de la Suisse de développer des centres financiers forts paraît évidente (voir illustration). Malheureusement, ces pays en ont payé le prix au cours des dernières années...
Des défis et des incertitudes
« L'interconnection entre les pays périphériques pourrait constituer le canal suivant de contagion dans la zone euro », anticipent les analystes de la Deutsche Bank. Les systèmes bancaires espagnol et portugais sont par exemple très liés. Mais si l'Espagne venait à être dans l'oeil du cyclone, les conséquences pourraient être importantes pour les banques françaises, comme pour d'autres secteurs. « 2010 était l'année de Bâle III, 2011 sera l'année des économies périphériques », clament les analystes de Morgan Stanley.
Toutefois, comme le souligne Farzine Fazel, du cabinet de conseil Capco (voir entretien), « les banques françaises gèrent leur exposition de façon relativement optimale ». Pour ce qui est de la réforme Bâle III, rappelons qu'elle est largement anticipée par le secteur, même si des points importants, comme le ratio de liquidité ou la liste des établissements systémiques, restent à définir. Tous les groupes français ont déjà indiqué pouvoir satisfaire aux nouvelles exigences de solvabilité sans mettre leurs actionnaires à contribution.
Les banques méritent d'être mieux traitées
DOSSIER RÉALISÉ PAR ANNELOT HUIJGEN | JDF HEBDO | 11.12.2010 | Mise à jour : 22H08
Les valeurs bancaires connaissent de nouveau une descente aux enfers. De nombreux investisseurs se désengagent, supposant que le problème des finances publiques est le nouveau fardeau des banques. Nous pensons que le pire est largement intégré dans les cours et qu'il faut profiter des bas niveaux de valorisation actuels.
Faut-il encore investir dans les valeurs bancaires ? Depuis deux, voire trois ans, la question revient régulièrement. Aujourd'hui encore, banques et assureurs sont sous les feux de la rampe, cette fois en leur qualité d'investisseurs dans des dettes publiques européennes. Les statistiques de la Banque des règlements internationaux (BRI) - la Banque centrale des Banques centrales, qui abrite le Comité de Bâle notamment - montrent que les banques allemandes et françaises ont des expositions relativement élevées aux dettes des pays européens dits périphériques (Portugal, Irlande, Grèce).
Par ailleurs, les établissements allemands et britanniques sont plus liés que d'autres au secteur privé irlandais, « même si ces chiffres exagèrent l'exposition véritable en raison de la grande présence de véhicules de financement en Irlande » (bien qu'ils exercent leur activité ailleurs), mettent en garde les analystes de la Deutsche Bank. De plus, les expositions sont souvent publiées en montants bruts - par les banques, notamment lors des stress tests de juillet -, occultant le fait que ces montants sont très limités une fois rapportés aux actifs totaux des banques. Par exemple, la Grèce ne représente même pas 0,3 % des actifs bancaires français : pourtant, c'est dans ce pays que la présence des banques françaises est la plus importante en raison des établissements Emporiki et Geneki, filiales respectivement du Crédit Agricole et de la Société Générale.
Le faux problème des obligations souveraines
Pour le Portugal, ce chiffre ne dépasse pas 0,2 %. Le risque est à peu près aussi élevé pour les banques allemandes concernant leur exposition majeure, en l'occurence à la Grèce. « Ceci n'écarte pas le risque de contagion en raison d'expositions individuelles relativement importantes de certaines banques ou autres institutions financières », souligne l'équipe de la Deutsche Bank.
Les données de la BRI compilent les prêts, les dépôts, les titres de dette, les participations dans des filiales et autres éléments hors bilan d'un secteur bancaire national vis-à-vis d'un autre pays. Elles ne permettent effectivement pas de voir l'exposition exacte d'une banque ou encore d'un système bancaire à un secteur spécifique dans un autre pays.
Concernant leur qualité d'investisseurs, les banques européennes ont dès juillet, dans les résultats des tests de solidité, révélé le montant d'obligations souveraines qu'elles détiennent. Début 2011, elles devront reproduire l'exercice, qui reste périlleux. D'un côté, les Etats plaident auprès des banques pour qu'elles gardent ces dettes publiques, les accusant par ailleurs de tous les maux ; de l'autre, le marché leur reproche de détenir des titres qui ont virtuellement perdu de leur valeur (rappelons que ni les notes de l'Italie, ni celles de l'Espagne et de la France n'ont à ce jour été dégradées).
En réalité, les banques ne sont pas les premières concernées par ces produits financiers. Les montants des engagements sont là aussi faibles par rapport aux actifs des banques : BPCE, Crédit Agricole, BNP Paribas et la Société Générale ne détiennent à elles quatre pas plus de 2,4 milliards d'euros de dette irlandaise, par exemple. D'autres acteurs financiers sont bien plus présents sur ce marché obligataire spécifique : les hedge funds, les fonds souverains et surtout les fonds de pension, mais les chiffres détaillés manquent pour évaluer leur exposition (voir entretien).
Gare à la généralisation
Comme Eric Cantona, les investisseurs, effrayés, ont tendance à croire que les banques sont toutes logées à la même enseigne. « Il faut rappeler aux observateurs du secteur que les banques sont avant tout actives dans leurs marchés domestiques », souligne un dirigeant de banque française. Ces sociétés sont, au sein du CAC 40, celles dont l'activité est sans doute la plus dépendante de l'état de santé de l'économie nationale.
Quelques autres vérités méritent d'être rappelées : le système bancaire irlandais n'est pas celui de la France et les modèles de Northern Rock ou de Lehman Brothers ne sont pas ceux du Crédit Agricole ou de BNP Paribas. Les banques françaises ne présentent pas de vulnérabilité structurelle. Cela ne veut pas dire qu'elles n'ont pas de point faible, mais, comme la crise l'a démontré, dans le panorama européen et mondial, elles ne détonnent pas, si ce n'est par leur bon parcours. Cela tient en grande partie à leur modèle de banque universelle, où la banque de détail est flanquée d'autres métiers : la banque de financement et d'investissement, et la gestion d'actifs. Selon l'adage qu'il ne faut jamais mettre tous ses oeufs dans le même panier, ce modèle permet de diversifier les risques, et il a démontré sa force en temps de forte perturbation. Pour preuve, Santander et Standard Chartered, qui ont toutes deux une base de détail très forte, développent des activités de banque de financement et d'investissement. De son côté, Deutsche Bank, qui est connue pour ses compétences dans les opérations complexes, vient d'intégrer la Postbank.
Ces modèles bancaires sont le fruit de décisions individuelles, mais aussi d'habitudes nationales. Les banques situées dans des pays de petite taille, comme la Suisse ou les Pays-Bas, sont traditionnellement plus actives au-delà des frontières (voir illustration). Par ailleurs, en rapportant les actifs des banques au produit national brut, la volonté de la Grande-Bretagne, de l'Irlande ou encore de la Suisse de développer des centres financiers forts paraît évidente (voir illustration). Malheureusement, ces pays en ont payé le prix au cours des dernières années...
Des défis et des incertitudes
« L'interconnection entre les pays périphériques pourrait constituer le canal suivant de contagion dans la zone euro », anticipent les analystes de la Deutsche Bank. Les systèmes bancaires espagnol et portugais sont par exemple très liés. Mais si l'Espagne venait à être dans l'oeil du cyclone, les conséquences pourraient être importantes pour les banques françaises, comme pour d'autres secteurs. « 2010 était l'année de Bâle III, 2011 sera l'année des économies périphériques », clament les analystes de Morgan Stanley.
Toutefois, comme le souligne Farzine Fazel, du cabinet de conseil Capco (voir entretien), « les banques françaises gèrent leur exposition de façon relativement optimale ». Pour ce qui est de la réforme Bâle III, rappelons qu'elle est largement anticipée par le secteur, même si des points importants, comme le ratio de liquidité ou la liste des établissements systémiques, restent à définir. Tous les groupes français ont déjà indiqué pouvoir satisfaire aux nouvelles exigences de solvabilité sans mettre leurs actionnaires à contribution.