Des pharmaceutiques de spécialité à jouer
08/06/11 à 14:58 - investir.fr | 0 commentaire
Santé. A la frontière de la recherche et de la pharmacie, deux acteurs spécialisés offrent une alternative à un investissement dans une biotech pure, avec un risque plus limité et des potentiels pouvant attiser l’intérêt de géants de la pharmacie, et pourquoi pas de Nicox.
En France, les biotechs cotées en Bourse présentent pour la plupart des projets souvent précoces, d’où un risque et une volatilité élevés, liés à un horizon bénéficiaire très lointain qui peut rebuter les investisseurs. En effet, sachant qu’une molécule sur 10.000 brevetées sera commercialisée à l’issue d’une durée moyenne de quinze à vingt ans de développement, le taux d’échec est très important.
Nous avons mis l’accent, dans de récents numéros d’Investir-Le Journal des Finances, sur des compartiments du secteur biotech présentant un profil moins risqué, comme les medtechs ou les prestataires de services pour la recherche. Un troisième segment, peu connu, celui des sociétés pharmaceutiques de spécialité est également attrayant. Ses deux acteurs cotés, BioAlliance et Novagali, présentent l’avantage d’avoir déjà commercialisé un médicament sur le marché. BioAlliance est d’ailleurs l’unique société du secteur biotech à avoir atteint la rentabilité.
Un profil moins risqué
Ces petites sociétés se sont positionnées sur des marchés de niche dans des produits de spécialité (où les potentiels peuvent néanmoins atteindre de 100 à 500 millions d’euros) délaissés par les géants de la pharmacie et répondant à des besoins thérapeutiques non satisfaits. L’intérêt : une cible restreinte de prescripteurs spécialistes, ce qui limite les frais commerciaux.
Autre spécificité, un cycle de développement rapide et un risque d’échec plus faible. En effet, la force de ces sociétés repose sur la détention de technologies d’optimisation de l’efficacité du principe actif (meilleure délivrance ou biodisponibilité) appliquées sur des molécules bien connues. La complexité, la durée et le coût des essais cliniques en sont allégés. L’échec de Nicox, concepteur d’une technologie d’amélioration de la performance de produits génériques (aspirine...) ne remet pas en cause ce modèle de développement. La société s’est certes vu récemment refuser l’homologation de son anti-inflammatoire phare, mais les autorités de santé mettent la barre très haut pour les produits destinés à des marchés de masse. D’autant que Naproxcinod était censé remplacer un médicament, le Vioxx, qui avait défrayé la chronique.
Le défi : devenir une société pharmaceutique intégrée
Les revenus potentiels de ces acteurs de spécialité étant plus limités que pour une pure biotech qui met au point de nouvelles approches thérapeutiques très innovantes visant de véritables avancées médicales dans des pathologies graves, c’est la capacité à mener à bien la commercialisation de ces médicaments qui sera déterminante. Afin de continuer à financer leur portefeuille de recherche pour alimenter leurs ventes futures, ils doivent arbitrer entre des partenariats pour les produits les plus avancés (en cédant les droits de ces derniers) qui généreront à court terme des paiements d’étape, mais seront à moyen terme moins rémunérateurs (les royalties se situent entre 10 % et 20 % des ventes), et les investissements nécessaires à la construction d’une force de vente pour certaines zones géographiques.
Elément clé, la trésorerie qui assure le financement des développements au stade le plus avancé et permet une négociation d’un partenariat dans de meilleures conditions. « La transition entre une société de développement et une société commerciale rentable constitue leur principal défi », explique Philippe Peltier, gérant auprès de la société de capital-risque Auriga Partner. « Au global, leur profil de risque est proche de celui d’un laboratoire pharmaceutique. »