Pour une lecture optimiste du fonctionnement de la zone euro
| 15.07.10 | 13h38 • Mis à jour le 15.07.10 | 13h39
Beaucoup de professionnels de la finance n'aiment pas l'euro. Ses détracteurs n'ont d'ailleurs pas tardé à interpréter les difficultés rencontrées par la Grèce et le Portugal comme un signe de la fin de la monnaie unique. Mais l'économiste italien
Tommaso Padoa-Schioppa pense que les eurosceptiques ont fait l'impasse sur un point important.
M. Padoa-Schioppa, qui fut ministre italien de l'économie, a contribué à faire émerger l'euro. Son enthousiasme pour la monnaie unique est donc logique. Toutefois, lors d'une conférence à Bâle, le 27 juin, il s'est livré à une plaidoirie convaincante sur la nouvelle voie poursuivie par l'Europe.
Selon de nombreuses critiques, la façon de faire des Européens - confuse, bureaucratique et hostile au libre-échange - ne peut pas continuer. En ce sens, un grand nombre de nations souveraines ne peuvent pas espérer maintenir une monnaie unique. Aucune politique monétaire ne peut prétendre convenir à toutes et les gouvernements irresponsables profiteront inéluctablement du crédit des états vertueux.
M. Padoa-Schioppa identifie cette ligne de pensée comme purement "westphalienne", c'est-à-dire en référence au traité de 1648 qui a donné naissance au concept d'Etat-nation souverain en Europe :
"L'Etat devrait être uniforme à l'intérieur de ses frontières et exempt de tout droit d'ingérence provenant de l'extérieur de ses frontières." Dans un tel contexte de politique du "tout ou rien", il est irrationnel que les gouvernements se partagent la souveraineté, aussi bien monétaire que politique.
Pour M. Padoa-Schioppa, la zone euro constitue au contraire une admirable création post-westphalienne. Avec un accord du type "ni-ceci-ni-cela", les gouvernements nationaux maintiennent une certaine autonomie, mais acceptent d'oeuvrer ensemble et de respecter les règles établies à l'avance. La gestion consensuelle de la Banque centrale européenne (BCE), les difficiles négociations de l'Union européenne (UE) et les compromis prudents sont autant de signes de souplesse.
Adopter des règles
Selon l'économiste italien, la voie de l'UE reste mieux adaptée à une économie mondialisée que l'approche westphalienne. Car les Etats-nations doivent être guidés par des traités qui limitent leur souveraineté. Et de la même façon qu'il ne faut pas compter sur les marchés pour s'autoréguler, les gouvernements doivent suivre des règles pour le bien public.
Au cours de la première décennie qui a suivi la création de l'euro, les gouvernements de la zone euro n'ont pas appliqué les règles convenues, mais ils ne les ont pas ignorées pour autant. Pendant la crise de l'euro, ils se sont chamaillés, mais jusqu'à présent, les réformes nécessaires continuent à se faire, Etat après Etat. Et loin de sonner le glas de la zone euro, cela peut se révéler une démonstration du bon fonctionnement d'un monde post-westphalien.
(Traduction de Séverine Gautron.)
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Con queste premesse è improbabile che Papandreou chiami Padoa Schioppa per far uscire la Grecia dall'Euro ...