NICOX sur la voie royale dans la DMD
13 novembre 2013  |  Sacha Pou_get  |  Catégorie: Analyses, Biotech / Santé 
Alors qu’un retour de la spéculation touche l’action NICOX  (FR0000074130) – après le lancement hier de son deuxième test de  diagnostic sur le marché américain –, une annonce venue des Etats-Unis  pourrait accélérer plus encore l’euphorie ambiante.
En effet, la biotech Sarepta a dernièrement reçu un cinglant désaveu de  la part de la FDA sur une demande d’autorisation accélérée sur son  Eteplirsen dans le traitement de la dystrophie musculaire de Duchenne  (DMD), une maladie rare atteignant les muscles de jeunes enfants. De  fait, le titre a plongé hier de -60%.
Et Sarepta de révéler dans un communiqué, en marge de ses résultats  financiers du troisième trimestre, que le récent échec de Prosensa avait  déjà poussé la FDA à agir. (Même si Sarepta n’a pas directement nommé  la société, on sait que de mauvais résultats cliniques ont été publiés  mi-septembre faisant perdre au titre 75% de sa valeur…)
La FDA a par ailleurs indiqué de son côté que les nouvelles données  apportées par Sarepta sur le biomarqueur de la Dystrophine “soulevaient  des doutes considérables”.
• Un black swan pour Sarepta
En clair, l’organisme d’approbation estime que la demande de NDA  (demande d’approbation) pour l’Eteplirsen était “prématurée”. Pour le  dire autrement, il faudra que Sarepta revoie sa copie. C’est un  contre-pied pour les investisseurs, sachant qu’au regard des résultats  publiés – certains jeunes patients atteints de la DMD ont pu remarcher  grâce à l’Eteplirsen –, il n’y avait guerre de doutes quant à  l’obtention d’une autorisation accélérée pour ce composé.
Or, il s’avère que la FDA demande une modification à la fois sur “les  critères d’inclusion des patients” de l’étude pour l’Eteplirsen, ainsi  que la nécessité de revoir “les critères principaux” retenus par  Sarepta. Autant dire que le groupe devra changer le design de son étude.
Surtout, la date d’approbation de l’Eteplirsen est repoussée – le  consensus tablait sur une soumission de demande d’approbation auprès de  la FDA au premier semestre 2014 pour un verdict entre mi-2014 et  fin-2014 –, puisque de nouveaux essais cliniques (Phase III) devront  être conduits alors que, pour le moment, les analystes estimaient que  les résultats de Phase II auraient dû suffire à la FDA pour accepter la  demande d’approbation.
• Une opportunité pour NICOX
En définitive, NICOX pourrait donc profiter du revers de Sarepta pour  mieux s’adapter aux exigences de la FDA et rattraper son retard. En  effet, comme l’a indiqué la FDA, une étude contrôlée par placebo serait  la méthode la plus pertinente pour apporter des preuves de l’efficacité  interprétable pour un traitement de la DMD. NICOX pourra donc mettre  cela en pratique pour mieux aborder le design de ses essais cliniques.  De même, la FDA a fait savoir qu’une cohorte de 12 patients – comme ce  fut le cas pour Sarepta – semble trop juste et non significative. NICOX  devra aussi en prendre note.
Aussi, les investisseurs américains qui ont assisté aux échecs et aux  difficultés de Sarepta et de Prosensa dans la DMD pourraient être tentés  de miser sur NICOX – et je parle ici de partenariat, c’est la volonté  du mangement. En effet, le groupe est, avec PTC Therapeutics, l’un des  seuls challengers encore en lice qui n’ait pas déçu dans cette  indication. Pour rappel, Sarepta valait, à son plus-haut, près de 2  milliards de dollars alors que la société dispose uniquement de  programme de Phase II sans aucun médicaments mis sur le marché.  Aujourd’hui, Sarepta vaut encore 600 millions de dollars et Prosensa 110  millions alors que le groupe et son partenaire GSK ont totalement  échoué dans la DMD. NICOX, pour sa part, vaut 255 millions de dollars.
Les actionnaires de NICOX ne devront tout de même pas oublier que la  biotech américaine PTC Therapeutics (valorisation de 405 millions de  dollars) attend pour sa part une décision en Europe sur l’approbation  conditionnelle de son Ataluren – concurrent de l’Eteplirsen et du  Naproxcinod dans la DMD – entre le 22 novembre et le 20 décembre  prochain. On suivra donc de près les prochains événements attendus dans  la DMD, à la fois chez NICOX comme chez ses concurrents, sachant que  cette maladie orpheline cristallise beaucoup d’attentes chez les  investisseurs eu égard aux retombées commerciales potentielles (plus de 1  milliard de dollars par an).
Même si NICOX est encore à un stade de développement précoce dans la  DMD, le management ne pouvait pas espérer meilleure situation pour  aborder le lancement de ses essais cliniques. Avec maintenant un brevet  accepté, un statut de médicament orphelin et une concurrence chancelante  : les perspectives d’un deal avec un partenaire dans cette indication  semblent plus proches que jamais.
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