galia ackerman historienne franco russe
Pourquoi Poutine parle-t-il de « dénazifier » l’Ukraine ?
À l’époque du soviétisme, on ne parlait pas de nazisme, mais de fascisme. C’était les « fascistes allemands », parce qu’il y avait le mot « socialisme » dans « national-socialisme ». Après la guerre, tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec Staline, même quelqu’un comme Tito, qui a combattu très valeureusement contre les nazis, étaient appelés « fascistes ». En 1968, quand les chars russes ont envahi la Tchécoslovaquie, on ne disait pas que les Tchèques étaient des nazis, mais on disait quand même qu’il s’agissait de prévenir une invasion de la Tchécoslovaquie par les nazis allemands. On parlait très facilement des fascistes ou nazis sionistes. Bref, tous ceux qui étaient contre les Soviétiques devenaient automatiquement des fascistes ou des nazis.
Pourquoi « dénazifier » ? L’extrême droite serait forte en Ukraine ? Comme si le mouvement national était indissociable de l’extrême droite ?
Non, c’est totalement faux. Il y a des groupes néonazis et une extrême droite en Ukraine, mais ils sont moins importants qu’en France ou en Allemagne. Ce que Moscou ne supporte pas, c’est par exemple la loi promulguée en Ukraine il y a quelques années faisant des résistants à l’occupation soviétique des héros, au même titre que les résistants au nazisme. Pour Poutine, c’est un crime impardonnable. Pour le régime, cette glorification de combattants au soviétisme, c’est la résurgence du nazisme.
L’ennemi, quel qu’il soit, c’est le nazi…
Oui, et eux sont dans la logique nous avons vaincu les nazis, nous sommes le bien. Ceux qui se battent contre nous sont des nazis. J’ai entendu de mes propres oreilles, dans des émissions télé qui depuis des années prônent qu’il fallait faire ce que Poutine est en train de faire, que tous ceux qui combattaient les Soviétiques en Ukraine occidentale étaient automatiquement des nazis.