Dexia
La structure de défaisance née du démantèlement du groupe n’est pas viable. Ce qui explique le blocage sur les garanties des Etats. Inquiétant pour la Belgique.
Contrairement à ce qu’on aurait pu espérer, le sauvetage de Dexia - ou du moins de la structure de défaisance (à ne pas confondre avec Dexia Banque Belgique rachetée par l’Etat belge) - est loin d’être résolu. "De Standaard" affirmait hier que la Belgique aurait demandé de renégocier les termes financiers du démantèlement, l’aggravation de la crise de la dette souveraine rendant la facture trop élevée pour notre royaume. Le ministre des Finances, Didier Reynders (MR), a indiqué mardi à l’agence Belga que les trois pays impliqués dans le dossier Dexia Holding (France, Belgique et Luxembourg) négocient actuellement avec la Commission européenne mais qu’aucun de ces pays ne remet en cause l’accord intervenu entre eux. Démenti également du côté de son homologue français, François Baroin. "Il n’y a pas de tentative de remettre en question cet accord" , a-t-il affirmé.
Interrogé en Commission finances par Georges Gilkinet (Ecolo), Didier Reynders n’a pas voulu donner plus de détails, arguant que Dexia SA est une société cotée. Il a juste indiqué que le management essaie de trouver une solution. "Ne pas pouvoir informer mieux le Parlement est inquiétant eu égard à l’engagement de l’Etat belge en termes de garanties pour un montant de 54 milliards. Le conseil d’administration n’a aucun contrôle sur ce qui se passe" , déplore Georges Gilkinet.
Il est clair que ces garanties posent un réel problème. Pour rappel, deux décisions majeures avaient été prises dans la nuit du 9 au 10 octobre 2011. Un : l’Etat belge a racheté Dexia Banque Belgique (DBB) pour 4 milliards d’euros. Deux : les gouvernements ont confirmé leur intention d’accorder une garantie de financement à Dexia SA (la structure résiduelle) pour un montant maximum de 90 milliards d’euros et une durée de dix ans. Les Etats ont convenu de se répartir cette garantie dans des proportions identiques à celles de 2008, soit 60,5 % pour la Belgique, 36,5 % pour la France et 3 % pour le Luxembourg.
Il s’agit donc bien d’une aide d’Etat nécessitant l’aval de la Commission européenne. Cette dernière veut être sûre que la structure de défaisance affiche une rentabilité minimum en tenant compte du coût de financement (y compris les commissions pour les garanties). "Et c’est là que ça coince" , nous dit une source proche des négociateurs. Les actifs maintenus dans Dexia SA (un portefeuille obligataire, dont de la dette grecque et italienne) perdent de l’argent. Et même une garantie de l’Etat belge n’apporterait pas avec certitude un financement à un coût raisonnable dans le contexte de crise de la zone euro où la Belgique doit emprunter à plus de 5 % à dix ans. D’ailleurs, pour le moment, ce sont les banques centrales, à commencer par la Banque nationale, qui sont obligées d’assurer le financement de Dexia à un coût qui n’est pas communiqué.
La Commission européenne est donc face à un dilemme. Va-t-elle obliger une liquidation forcée ? Dans tous les cas de figure, l’Etat belge est mal mis. Car il a déjà apporté sa garantie pour environ 20 milliards d’euros d’obligations émises par Dexia. Ensuite, il est devenu l’actionnaire à 100 % de Dexia Banque Belgique qui a prêté pour plus de 20 milliards à Dexia SA et surtout à sa filiale française DCL.
Comment va-t-on en sortir ? Va-t-on assister à un bras de fer entre les Belges et les Français (très soucieux de ne pas perdre leur note triple A) ? Des négociations devaient avoir lieu hier à Paris. En attendant, il paraît que ces incertitudes sur la structure de défaisance ont à nouveau miné le moral dans les agences bancaires qui ne font pourtant plus partie de la même entité