Tempo a Milano - Cap. 2

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Présidence Macron
L’Euro, premier désaccord entre Emmanuel Macron et Angela Merkel ?
Par Hervé Nathan
Publié le 15/05/2017 à 11:40



Le président de la République rend visite à la Chancelière allemande ce 15 mai. Sa conception de la réforme de la zone euro ne concorde pas avec celle préconisée par le ministres des finances Wolfgang Schäuble, ni sur les buts, ni sur les moyens.
Le voyage d’Allemagne reste le premier déplacement d’un président de la République. Emmanuel Macron a eu beau assurer que, lui président, il irait d’abord rendre visite aux troupes françaises engagées à l‘étranger, il se rendra ce lundi soir à Berlin rencontrer la chancelière Angela Merkel. On se souvient de sa formule pendant la campagne : « Je ne veux pas agir contre l’Allemagne, mais avec l’Allemagne ». Ce sera l’occasion de vérifier sa justesse.

La première entrevue avec celle qui domine l’Union européenne est stratégique. Il y a cinq ans, François Hollande avait cru pouvoir l’infléchir et obtenir d’elle la renégociation du TSCG (Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, qui impose l’austérité budgétaire), qu’avait accepté son prédécesseur Nicolas Sarkozy. Il était simplement reparti avec l’engagement d’un plan d’investissement européen.

Bis repetita, Emmanuel Macron vient dans la capitale allemande plaider son dossier. Pendant la campagne il s’est engagé à « relancer et réorienter l’Europe», avec en priorité la réforme de la zone euro. Les propositions du candidat d’En Marche étaient précises : un budget de la zone euro, un ministre de l’économie et des finances, sous le contrôle d’un parlement rassemblant les parlementaires européens de la zone euro.

On ne préjugera pas de la réponse de la Chancelière, qui a sans doute conscience de la puissance de la contestation de l’Union européenne en France, et qui pourrait être encline à avancer vers une intégration plus poussée. Mais le président a beau avoir bonne presse en Allemagne, avoir choisi l'ambassadeur de France à Berlin Philippe Etienne comme conseiller diplomatique, il risque vite de constater les divergences avec l'équipe Merkel. Wolfgang Schäuble, l’influent ministre des finances de la RFA a déjà formulé une contre-proposition dans une interview au quotidien italien La Repubblica. Celle-ci consiste à transformer les Mécanisme européen de stabilité, créé en 2012 pour aider la Grèce, en Fonds monétaire européen.

Machine austéritaire
Pratique : il suffirait de modifier un traité entre les Etats de la zone euro, cela ne veut pas dire « solidarité » obligatoire, et puis vogue la galère. Sauf que le MES ressemble à un gouvernement de la zone euro comme un tamanoir à un cheval de course. Le MES est une institution financière internationale dont le siège est à Luxembourg, gérée par un conseil d’administration, où trois Etats (l’Allemagne, l’Italie et la France) ont un droit de veto. Un Allemand, qui plus est un faucon budgétaire nommé Klaus Regling, a d’ailleurs été nommé à sa tête pour surveiller la caisse. Pour adhérer au MES, un pays doit d’abord adopter le TSCG qui impose à terme l’équilibre budgétaire parfait. C’est donc une machine austéritaire.

On est loin d’un fonctionnement démocratique, ce d’autant plus que Schäuble ne cache pas que selon lui, c’est une question tout à fait triviale puisqu’il suffirait de « créer avec les parlementaires européens un parlement de la zone euro qui aurait un caractère consultatif ». Un parlement « consultatif », c’est juste la négation de la démocratie représentative, en conséquence, il n’est donc pas question pour l'Allemagne d’affecter un impôt, qui exigerait un réel contrôle parlementaire selon les normes mêmes de la constitution allemande, et donc pas de budget non plus. Juste une possibilité de lever des emprunts triple A pour fiancer une intervention d’urgence ou des investissements. L'éventuel « ministre-directeur du MES » aurait donc des pouvoirs étendus, juste surveillé par le plus puissant de ses actionnaires : l’Allemagne. Emmanuel Macron, qui avait fait campagne en proclamant qu'il voulait une Europe "avec l'Allemagne, pas contre l'Allemagne", pourrait constater ce soir que divergences sont toujours aussi profondes entre les deux rives du Rhin.

On souhaite donc bon voyage inaugural au président de la République. En espérant qu’il fasse mieux que François Hollande…
 

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