Covea: un candidato (indiscrezioni smentite) all'acquisto di Gan Eurocourtage da Groupama (strana datazione dell'articolo...):
Covéa croît sans dommage dans l'assurance
Créé le 09-02-2012 à 00h00 - Mis à jour à 00h00
Union de trois mutuelles, le leader français de l'assurance-dommages a su faire jouer les synergies pour améliorer sa rentabilité à mesure qu'il se développait. Une garantie pour de futures acquisitions.
«Je vous souhaite de vivre une époque intéressante. » Par cette traditionnelle formule du Nouvel An chinois, ce 24 janvier, Thierry Derez, le président de Covéa, conclut ses voeux à la presse dans le cadre glamour du Studio Harcourt, à Paris. Dans un brillant exposé sur la crise grecque, il a fait des digressions sur le calendrier maya, les pères de l'Europe et la dynastie des Antonins. Sur Covéa, le discret empire de l'assurance qu'il dirige, l'orateur s'est montré moins disert. L'exercice 2011 a été « techniquement et commercialement une bonne année », lâche-t-il.
Résumé succinct, à l'image taiseuse d'un groupe méconnu. Covéa, qui chapeaute les marques MMA, Maaf et GMF, est en pleine forme. Leader de l'assurance-dommages en France en parts de marché, devant Axa, avec plus de 10 millions d'assurés, la société a réalisé plus de 14 milliards d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier, en hausse de 5,2 %. Elle a également enregistré 150 000 nouveaux contrats automobiles, avalé deux sociétés - le britannique Provident Insurance et le pôle assurance de Banca Popolare di Milano -, et accueilli un nouvel adhérent, l'institution de prévoyance Agpis. La rumeur - fermement démentie par Thierry Derez - l'annonce même candidate au rachat de GAN Eurocourtage, pépite de l'assureur en déroute Groupama. « Ils sont devenus en quelque sorte les parrains du système mutualiste », résume un acteur français de l'assurance. Les mutuelles rassemblées sous l'ombrelle Covéa n'ont pas toujours été en si bonne posture. En 1990, Jean-Claude Seys, ex-banquier du Crédit agricole, est appelé pour redresser la Mutuelle du Mans Assurance (MMA). En 1998, lorsque la Mutuelle d'assurance des artisans de France (Maaf) frôle le gouffre, Seys, devenu patron de MMA, arrive encore en sauveur. Quatre ans plus tard, sous son impulsion, la Maaf et MMA sont les premières à saisir l'opportunité offerte par le nouveau statut juridique de société de groupe d'assurance mutuelle. Avantage: pour la première fois, cette forme juridique souple permet aux sociétés mutualistes, sans capitaux, d'unir leurs forces. Covéa est né. En 2005, Seys réussit son dernier coup: Covéa accueille le couple Azur-GMF, alors présidé par Thierry Derez, et orchestre la fusion des sociétés à agents généraux Azur et MMA.
Centralisation des sinistres
« Le génie de Jean-Claude Seys a été d'identifier des synergies industrielles concrètes entre les mutuelles », explique Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet Facts & Figures. Exemple? Les trois réseaux ont centralisé la gestion des sinistres, assurée par la filiale Covéa AIS: 6 000 personnes font tourner cette « salle des machines » qui verse 5 milliards d'indemnités chaque année. « Les enseignes ont un réseau commun d'experts, de médecins, d'avocats et d'enquêteurs, et les mêmes politiques d'indemnisation », explique son patron, Michel Gougnard. « Dans ce modèle vertueux, plus Covéa est gros, plus il gagne en compétitivité. Ses prix de revient sont de 5 à 10 points inférieurs à ceux du secteur », estime Cyrille Chartier-Kastler.
Sous le capot, le moteur est commun. Mais les carrosseries restent différentes. Chacune des marques garde sa clientèle, son réseau, et même ses rituels publicitaires. Mutuelle historique des artisans, la Maaf s'adresse à tous avec des tarifs très compétitifs. Distribuée par des agents généraux dans 1 800 points de vente la MMA - flanquée de son slogan « Zéro tracas zéro blabla » cible une population rurale ou de petites villes. La GMF, elle, s'adresse aux fonctionnaires. « Les chevauchements sont légers, mais il existe une réelle concurrence entre les marques », assure Laurent Tollié, directeur délégué assurances de GMF.
Le groupe repose aussi sur des bases financières très solides. Quand Groupama peine à atteindre une marge de solvabilité de 100 % (le niveau de fonds propres imposé par le régulateur) celle de Covéa est de... 350 %. De surcroît, n'étant pas soumis au diktat boursier que subit
un concurrent coté comme Axa, le groupe a les coudées franches pour se développer.
Cap sur la santé
Sa feuille de route? « Continuer » lâche, toujours aussi laconique, Thierry Derez. L'un des chantiers du groupe consiste en effet à trouver d'autres synergies. Cette année, les trois mutuelles vont mettre en commun leurs achats - 800 millions d'euros par an. Autre piste: Covéa s'attaque au marché dynamique de la santé. « La concurrence est rude. Beaucoup de petites mutuelles se regroupent, les banques s'y mettent » observe Etienne Couturier le patron de la Maaf. Le rapprochement fi n décembre de Covéa avec l'institution de prévoyance Agpis va permettre à la Maaf de renforcer son expertise. La mutuelle va former ses salariés à la vente de produits de santé, en attendant le lancement d'un nouveau contrat en 2012.
L'étranger pourrait constituer un autre axe pour ce groupe dont 90 % du chiffre d'affaires est français. L'assureur a intérêt à s'internationaliser pour diversifier ses risques et parce que, avec 20 % du marché des particuliers en assurance-dommages, la croissance en France est limitée. « Nous n'avons pas d'objectifs chiffrés. [Le rachat de] Provident était une opportunité », tempère Thierry Derez.
« Je serais surpris qu'il n'y ait pas bientôt une opération structurante » pronostique un assureur. Groupama? « Malin, Derez préférera attendre que l'Autorité de contrôle prudentiel, au pied du mur, l'appelle à la rescousse », juge un banquier d'affaires parisien. Covéa a déjà montré son fil air. En 2008 il avait rompu opportunément ses pourparlers avec le belge Ethias (dommages), plombé par la crise financière - il détenait un ticket dans Dexia - et finalement nationalisé. Si Covéa poursuit son expansion il le fera donc à sa manière: tactique.
Delphine Déchaux