Un bilancio su Les Echos di oggi della gestione Azema:
2000-2011, les rêves de grandeur inachevés de Jean Azéma
Une réussite - la réduction du nombre de caisses régionales -pour deux projets avortés - la cotation de Groupama SA et l'entrée dans le Top 10 européen de l'assurance. Jean Azéma laisse un bilan très mitigé.
En 2000, c'est déjà une révolution de palais qui avait permis à Jean Azéma d'accéder à la direction générale de Groupama. Avant-hier, il a été à son tour victime d'un coup de sang des présidents des caisses régionales qui lui avaient laissé jusqu'ici une grande liberté d'action. Jean Azéma, cinquante-huit ans, paie sans aucun doute les difficultés actuelles du 6 e assureur français, embourbé dans la crise de la dette de la zone euro, mais aussi les ratés de sa stratégie. Retour sur les grands dossiers de ces onze dernières années.
Le regroupement finalisédes caisses régionales
Dix jours avant son éviction, Jean Azéma aura réussi son troisième grand projet : diviser par deux le nombre de caisses régionales pour simplifier le groupe et gagner en efficacité. En 2001, il y en avait encore 18. Après la fusion mi-octobre de Groupama Sud et de Groupama Alpes Méditerranée, il n'en reste plus que 9. Habile politicien, fin connaisseur des arcanes mutualistes pour avoir été lui-même directeur général d'une caisse régionale, Jean Azéma aura employé beaucoup d'énergie pour favoriser des rapprochements qui n'allaient pas forcément de soi.
Un Top 10 inaccessible
Sous sa houlette, l'assureur historique des agriculteurs a voulu voir bien au-delà de son pré carré. Pendant des années, Jean Azéma a affirmé qu'il hisserait Groupama parmi les dix plus gros assureurs européens. Un objectif ambitieux qu'il s'était fixé en 2006, d'abord promis pour 2009, puis repoussé à 2012, avant d'être carrément abandonné au printemps dernier. Quinzième acteur européen, Groupama a toujours dit qu'il devrait réaliser une acquisition « transformante » pour passer ce cap. Il avait déjà raté une occasion en 2007, en se faisant souffler le suisse Winterthur par AXA. Il a fondé ensuite ses espoirs sur l'Italie où Jean Azéma est épaulé par un entremetteur de choix, l'homme d'affaires breton Vincent Bolloré.
Pour se donner les moyens de ses ambitions, Groupama a pris dès 2003 un gros ticket dans Mediobanca, la plaque tournante de la finance transalpine. Jean Azéma estimait disposer alors d'un bon poste d'observation. Candidat malheureux à la reprise de Toro Assicurazioni, il se consolera en 2007 en rachetant Nuova Tirrena pour 1,25 milliard d'euros, ce qui restera sa plus grosse acquisition. Mais une sévère désillusion l'attend l'hiver dernier : alors qu'il espérait prendre une participation dans FonSai, le quatrième assureur du pays, le projet est finalement contrecarré par le gendarme de la Bourse local.
Un développement international coûteux
Faute d'opération transformante, le développement de Groupama à l'international est limité à des opérations de petite et moyenne taille dans le bassin méditerranéen et en Europe centrale et orientale (Hongrie, Roumanie, Grèce, Turquie, etc.). Au total, la facture frôle les 3 milliards d'euros sur la période 2006-2008. Souvent payées au prix fort, dit-on, les filiales internationales ont laissé 2,1 milliards d'euros de « goodwills » (écarts d'acquisition) dans le bilan. Un montant élevé au regard des 7 milliards d'euros de fonds propres du groupe. Cette stratégie d'expansion débridée à l'international a beaucoup modifier le profil de Groupama, qui réalise désormais 30 % de son chiffre d'affaires assurance hors de France.
Le serpent de mer dela cotation de Groupama SA
C'était un projet vieux comme le monde, ou presque. Groupama avait commencé à y travailler en 2001, avant de recevoir le feu vert de ses élus mutualistes en 2006. Dans le schéma de départ, l'introduction en Bourse de Groupama SA, détenu à presque 100 % par les caisses régionales, devait servir à financer une acquisition d'envergure. Elle sera sans cesse repoussée, faute de trouver la bonne cible ou la bonne fenêtre de tir. Dans sa dernière interview, Jean Azéma indiquait qu'elle était désormais reportée plutôt vers 2015 (« Les Echos » du 26 septembre). Ce qui ne l'avait pas empêché cet été de demander aux caisses régionales de recapitaliser Groupama SA à hauteur de 500 millions d'euros. Une requête acceptée par les barons locaux, qui devront sortir au moins chacun 50 millions d'euros.
L. T., Les Echos